Chap 3 = didascalies - situations - narrations

De la domination aux compromissions

Extraire du dossier des notes ou commentaires ayant trait à ma mère -des description physiques et comportementales, à propos de ses attitudes envers nous ses enfants, envers moi, sa fille aînée, de son travail et même à propos de sa vie sentimentale et sexuelle-
Extraire du dossier les discours que le médecin-psychiatre, la psychologue, l'éducateur, les éducatrices, les travailleurs, travailleuses sociaux, la famille d'accueil porte sur ma mère ainsi que ses propos à elle et ses courriers.
Ne garder qu'elle.

Définir les personnages par leur propos ou le médecin-psychiatre, la psychologue, le directeur du centre, l'éducateur, les éducatrices, les travailleuses sociales, la famille d'accueil composent elleux-même par leur propos, leurs personnages, s’attribuent un rôle.

 
Une retranscription textuelle des discours tenus par les agents de l'institution disciplinaire médico-social-éducatif* responsables du placement familial. Un texte qui reprend tout en les adaptant les codes d'écritures d'une pièce de théâtre. Les personnages : des employés circonscrits à leur fonction sociale, des types - malgré eux ? Et des didascalies en italiques pour distinguer les choix de ré-écritures, mes mots aujourd'hui adulte. Étymologiquement l'enfant est celui qui ne parle pas, ce qui n'empêche pas les symptômes et plus tard à 25 ans, une tentative de suicide.

Une restitution telle que l'original à l'exception des noms propres, ce ne sont plus des personnes mais des personnages, voir des archétypes. Un état de fait pour une mise à distance qui vaut dénonciation de la violence éducative ordinaire que promeuvent et perpétuent ces personnes.

Si les sévices et humiliations subies entre les murs et tapies dans ma mémoire ne sont pas ici décrites, exhibées, nul ne pouvant témoigner à part mon frère et les auteurs, autrices de ces maltraitances, je n'ai manqué à la lecture de ces pages, de buter sur de nombreuses erreurs, des confusions de rôles, des préjugés et autres inepties ravivants mes blessures et mon indignation. Mon frère et moi eûmes réellement à affronter, à faire face à un système d'anéantissement.

J'ai re-renommés les enfants, indistinctement prénom, ils sont pour moi, les trois, pareillement victimes des décisions des adultes. De fait ils ne seraient pas alors genré-es, sauf que rapidement dans les commentaires des personnages ce sont une petite fille, un petit garçon ayant ou n'ayant pas des comportements selon le genre qui leur est attribué, assigné. Le genre, le comportement tout comme les autres traits dits de caractère étant souvent des stratégies de survie aux normes sociales.

Pour avoir enfin accès à mon dossier - quelques péripéties plus tard, que ni mon frère ni une amie également placée lors de son enfance n'ont eu à endurer, elle, en a reçue une copie directement dans sa boite aux lettres. - cela serait-il du à mon caractère dit difficile ? - j'ai du m'entretenir avec une psychologue qui, après constat de ô combien j'avais encore mal à mon enfance, m'en a remis des photocopies.

Je ne crois pas avoir l'entièreté mais suffisamment.

*Dans son article sur "Foucault et les institutions", Francesco P. Adorno (2002,p.275-298)explique comment les institutions comme lieu d'affectations du pouvoir-savoir servent chez Foucault de matrice d'assignation subjective ou, en d'autres termes d'assujettissement politique des individus.

 

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